Het Kabinet

 

 

Camera Obscura

Michel Lorand


18 février – 3 avril 2005

 

nederlands

“Camera Obscura”

Après son installation vidéo Médée, créée en juin 2004 à l’exposition Duo Track pour l’ouverture de la Vlaams-Nederlands Huis à Bruxelles et Cut présenté au Centre d’art audiovisuel argos en novembre-décembre 2004, Michel Lorand conclut sa trilogie 3 short cuts avec une nouvelle installation, Camera Obscura, qui sera présentée du 18 février au 3 avril 2005 au Het Kabinet à Gand. Dans chacun des trois projets, Lorand part d’un texte qu’il écrit et qui a pour personnage central une femme.

Pour la première fois, le visiteur est amené à pénétrer à l’intérieur de la galerie, Het Kabinet étant normalement voué à être exclusivement “une vitrine”. Une “boîte noire” monumentale occupe presque l’entièreté de cet espace exigu, soulignant ainsi l’architecture si particulière de ce lieu, ouvert verticalement sur deux étages. On accède à l’intérieur de cette camera obscura, par une passerelle blanche, reliée directement à la rue. C’est en empruntant cet étroit passage suspendu au-dessus du vide, en pleine lumière, que l’on entend la voix d’une très jeune fille qui exprime dans une sorte de désolation, son incapacité “à regarder les choses”. Le visiteur pénètre ensuite dans l’obscurité de la chambre noire qui se dresse devant lui, pour découvrir dans une grande intimité, un petit film noir et blanc aux images tournées de nuit sur lesquelles glisse la voix d’une femme mûre, qui témoigne de son plaisir à pouvoir tirer parti de cette obscurité, en laissant venir à elle la vision de choses qu’elle “semble vouloir voir”. Les images ralenties du film nous montrent un lent travelling qui nous emmène vers l’obscurité et l’inconnu de la nuit, un peu comme l’amorce d’un mouvement qui nous guiderait vers une sorte d’infini.

La voix de la très jeune fille dans l’espace extérieur plein jour et celle de la femme mûre dans l’obscurité de la camera obscura se juxtaposent, sans jamais dialoguer. Les deux voix semblent pourtant dans leur évocation du jour et de la nuit, du voir et du non-voir, se rejoindre, comme si ces voix étaient celles d’un même personnage à des âges différents.

Avec Camera Obscura, Lorand aborde des thèmes qui lui sont chers comme le rapport entre le texte (dit et écrit) et l’image, recherche omniprésente dans sa “trilogie”, mais aussi la tension dans le passage entre le jour et la nuit, la lumière et l’obscurité. Ce dernier thème est d’ailleurs récurrent dans tous les travaux de Lorand : on pense par exemple à son projet pendant la 50ème Biennale de Venise en 2003, où lors de ses six installations, Lorand créait pendant la nuit, un carré de jour dans la cité ou encore, son installation Cut, où les images grouillantes de Shanghai sur les moniteurs posés au sol, s’opposaient aux images en noir et blanc, projetées au ralenti sur un grand écran suspendu. L’obscurité et la nuit ne sont pas utilisés comme témoignage de vide mais bien comme lieu d’expérimentation voué à une recherche de sens.

Le titre de l’installation va dans la même direction. La camera obscura, ancêtre de l’appareil photographique, est une boîte noire, percée sur un de ses côtés d’un petit trou, par lequel s’engouffre la lumière et avec elle, les éléments qui composent l’image de l’extérieur et qui se retrouvera projetée en deux dimensions sur le mur opposé à l’ouverture dans la boîte. L’installation de Lorand ne s’arrête cependant pas à l’aspect formel de cette “boîte à regarder” (boîte noire, le trou dans la porte de la boîte), mais thématise plutôt le fait paradoxal que la création d’une image, ne devienne possible que dans un espace coupé de sa réalité et de l’expérience que l’on peut en avoir.

 

Camera Obscura



http://www.michellorand.net/



PUBLICATIONS

“Installation: #1/#2/#3”

Entre mai 2000 et la fin 2002, Michel Lorand a réalisé trois installations autour du nœud ferroviaire de la Jonction Nord-Midi: respectivement en commençant sur le site de l’ancienne gare du Nord, à la Tour Martini, ensuite dans le couloir souterrain de la gare centrale entre la salle des guichets et l’accès au métro, pour enfin occuper les halls de la gare du Midi et du Nord. Ces trois interventions dans des lieux publics, forment une réflexion sur la ville en tant que lieu architectural, espace de lumière et de mouvement par excellence. Lorand souligne par ces projets, le conflit permanent que Bruxelles entretient avec sa modernité. La publication autour de ces trois installations est accompagnée d’un essai de Steven Jacobs et d’un DVD du film de installation#3

Editeur : CIVA Centre International pour la Ville, l’Architecture et le Paysage, 2002
Un coffret contient un livre avec une couverture souple et un DVD
32p (Angl/Fr/Nl)
Graphisme: Filiep Tacq
ISBN : 2–9600298–1–X


“6 Scene a Venezia”

Ce livre est édité à l’occasion des installations de Michel Lorand réalisées pendant la 50ème Biennale de Venise. Sur 6 campis vénitiens fut installé un dispositif reproduisant un carré de jour pendant la nuit, de 9h30 à 24h, toujours autour d’un pozzo, un de ces puits typiquement vénitiens.
La bande sonore recueillie pendant le jour sur chaque place est reproduite dès la tombée du jour tout en créant une partie du jour au sein de la nuit, grâce à de grands projecteurs de cinéma. Lorand a proposé à Peter Verhelst d’écrire 6 textes originaux inspirés par chacune des places à l’heure de l’installation. Une série d’extraits de correspondance entre Lorand et Michel Assenmaker, Frank Maet et Bram Verhagen complète également les textes de Verhelst.

Editeur : Ludion, 2003
Livre à la couverture souple
60 p (Nl/It en Fr/Angl)
Graphisme : Filiep Tacq
ISBN : 90-5544-487-1


“Cut”

L’installation vidéo Cut de Michel Lorand est une sorte de road movie à trois protagonistes (“elle”, “lui” et la ville) et fut créée en fin 2004 dans l’espace d’exposition du Centre d’art audiovisuel argos à Bruxelles. Un texte écrit par Lorand est le support de tout le travail : une jeune chinoise raconte la courte relation qu’elle a eue avec un homme occidental dans sa ville natale de Shanghai. Le projet était de travailler les tensions qui existent entre le texte (parlé et écrit) et une série de mises en image. Cette publication, mise à disposition du visiteur pendant l’installation, reprend l’ensemble du texte ainsi qu’une série d’images du travail et faisait partie intégrante de l’installation en tant que support papier pour le texte.

Editeur : argos, 2004
Broché et agrafé
24 p (Fr/Nl/Angl/Chin)
Graphisme : Filiep Tacq